À quoi ressemblerait l’éducation idéale? C’est la question qui sous-tendait les consultations ayant mené à la plus récente Politique de la réussite éducative, lancée par le ministère de l’Éducation en 2017. À travers le Québec, ces consultations ont permis à tous les acteurs de venir partager leur vision de l’éducation : professeurs, spécialistes, élèves, parents, etc.
Par la suite, le Ministère a pondu un document que l’on pourrait presque qualifier de révolutionnaire pour le monde de l’éducation. Pour la première fois, l’éducation est officiellement vue comme un parcours de la petite enfance à l’âge adulte, un parcours qui doit s’adapter aux besoins de l’élève. Pour la première fois, l’élève est considéré comme une personne à qui on doit transmettre beaucoup plus que des connaissances et des qualifications. Pour la première fois, on veut réussir l’éducation, et non seulement la scolarité. J’exagère? Lisez-le dans les mots du ministère.
En 2018, j’ai été approché pour mettre sur pied une formation permettant au personnel d’une commission scolaire de s’approprier ladite Politique. À ce moment-là, je venais tout juste de lire un article sur le Cycle de Krebs de la créativité, tel que proposé par Neri Oxman à C2 Montréal, un événement renommé conjuguant commerce et créativité. Il n’en fallait pas plus pour que j’applique la recette Oxman à la Politique afin de pouvoir synthétiser en un tableau toutes les dimensions mises de l’avant par le Ministère pour atteindre la réussite éducative. De quoi s’agit-il?
C’est sur cette page du blogue d’Olivier Schmouker que j’ai découvert le Cycle de Krebs de la créativité. Il nous y explique pourquoi Neri Oxman, professeure, scientifique et artiste, est pour lui « une des plus brillantes conférencières qu’il m’ait été donné de voir à C2 Montréal. »

D’un côté, Neri Oxman était fortement inspirée par la réflexion d’un designer qui affirmait que « la plupart des innovations actuelles résultaient du fruit du travail commun de quatre disciplines : l’art, la science, le design et l’ingénierie. »(1) Lorsqu’aucun de ces 4 aspects n’est négligé, bingo ! On tient quelque chose qui va marquer, qui va perdurer.
De l’autre côté, elle découvre le Cycle de Krebs, du nom d’un biochimiste allemand ayant découvert la métabolisation des glucides, lipides et protéines dans nos cellules, un métabolisme vital. Krebs avait présenté sa découverte sous la forme d’un tableau permettant de comprendre ce cycle.
En combinant les deux, elle met sur pied le Cycle de Krebs de la créativité. Elle y ordonne les 4 disciplines incontournables (art, science, design, ingénierie) et elle y fait ressortir l’importance de l’économie ET de la philosophie, de la production ET de la perception, de la nature du produit ET de la culture de l’entreprise. Selon Oxman, une idée innovante passant avec succès à travers chaque étape de ce cycle devrait frapper dans le mille.

Dans la Politique de la réussite éducative, tous les outils nécessaires pour frapper dans le mille sont nommés. Je l’ai donc lue et relue. Puis, j’en ai fait l’exégèse pour en faire ressortir les mots-clés qui sous-tendent l’esprit du document. Et ce sont ces mots-clés que j’ai à mon tour synthétisé dans un cycle.
L’inspiration de la Politique : l’Ontario. « En 2014, le Gouvernement de l’Ontario rendait publique sa vision renouvelée du système d’éducation. Intitulée « Atteindre l’excellence », elle met l’accent tant sur les compétences de base, comme celles liées à la lecture, à l’écriture et à la mathématique, que sur les compétences supérieures, comme la pensée critique, la communication, la collaboration et l’esprit d’entreprise (communément associées aux compétences du 21e siècle). Cette vision intègre aussi l’accomplissement personnel, la compétence professionnelle et la participation citoyenne. » (2)
La version québécoise de cette vision : « La réussite éducative couvre les trois grands vecteurs de la mission de l’école québécoise: instruire, socialiser, qualifier. Elle englobe la réussite scolaire, mais va au-delà de la diplomation et de la qualification en tenant compte de tout le potentiel de la personne dans ses dimensions intellectuelles, cognitives, affectives, sociales et physiques, et ce, dès le plus jeune âge. (…) La réussite éducative vise également l’adoption de valeurs et d’attitudes ainsi que le développement de compétences qui formeront une citoyenne ou un citoyen responsable, prêt à jouer un rôle actif sur le marché du travail, dans sa communauté et dans la société. » (3)
Pour une formation sur la Politique de la réussite éducative, contactez-moi.
Parmi les mots qui insufflent ce nouvel esprit dans le document de la Politique, on retrouve : élève, réussite, parcours, plaisir d’apprendre, pédagogie, culture, compétences, besoins, soutien, vivre et vivre ensemble, diversité, plein potentiel, développement et développement global. On y parle aussi des domaines de développement sur lesquels l’école doit mettre l’accent : santé physique et bien-être; compétences sociales; maturité affective; développement cognitif et langagier; habiletés de communication; connaissances générales. Un joyeux mélange de pédagogique et de philosophique.
Du côté pédagogique, le Ministère veut mettre en place les fondations (littératie, numératie, numérique) tout en fournissant une formation générale actuelle et diversifiée. S’il s’arrêtait là, il se concentrerait uniquement sur la réussite scolaire. Mais il veut plus : le ministère réalise (enfin, diront certains) l’importance d’éduquer la personne entière! Et donc, du côté philosophique, il insiste sur le développement personnel et l’apprentissage du vivre ensemble.
Dans le pédagogique comme dans le philosophique, on remarque facilement le volet individuel et le volet collectif, avec cet objectif sous-tendu de « former des citoyennes et des citoyens prêts à relever les défis du 21e siècle ».(4) Le ministère veut transmettre des qualifications et des compétences tout en développant la culture et la maturité. Ce sont là les mots et l’esprit de la Politique de réussite éducative. Tel qu’annoncé au départ, les voici pour vous sous la forme du « Cycle de Krebs de la Réussite éducative ».
L’école, la commission scolaire, voire le Ministère qui prendra vraiment le temps de s’assurer que toutes les ressources sont disponibles pour accompagner l’ensemble du Cycle frappera un coup de circuit. La portion pédagogique revient bien évidemment au corps enseignant et aux spécialistes qui l’accompagnent. La portion philosophique (toujours plus facile à négliger, car elle sort des sentiers battus, qu’elle apparait moins tangible) revient aux AVSEC, TS, psychologues, orienteurs, etc. Au final, le tout revient à l’équipe-école.

- Schmouker, Olivier. (2017). Comment remettre les pieds sur terre après C2 Montréal. http://www.lesaffaires.com/blogues/olivier-schmouker/comment-remettre-les-pieds-sur-terre-apres-c2-montreal/595158
- Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. (2017). La Politique de la réussite éducative : Le plaisir d’apprendre La chance de réussir. Repéré à https://securise.education.gouv.qc.ca/politique-de-la-reussite-educative/
- Ibid.
- Ibid.
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