La vie d’un homme vaut-elle plus que la vie d’un dauphin?

En famille, nous avons écouté le tout premier épisode de la vieille série Flipper, un dauphin qui s’est lié d’amitié avec Bud, le jeune fils d’un garde-côte.

Synopsis de l’épisode
Un SOS est intercepté : « J’ai été sauvagement attaqué par un requin, je suis maintenant dans mon bateau, mais je me meurs. J’ai besoin de sang O négatif. Je répète : O négatif ! » Bud et son papa garde-côte voguent au secours du mourant pendant qu’un hélicoptère apporte une boîte bien rouge de blood plasma (c’est écrit sur la boîte).

Malheur! Le garde-côte échappe la précieuse cargaison et elle se retrouve « 100 mètres sous la mer ». Flipper pourrait aller la chercher, mais Bud a peur que le méchant requin soit encore dans les parages. Suspense et dilemme atroce. Son père lui dit alors : « Mon p’tit, c’est notre seule chance de salut et la vie d’un homme est en jeu. » Argument imparable. On fait venir le dauphin.

J’ai arrêté la vidéo pour poser la question à mes enfants, sans insister sur aucun des mots : « Est-ce que la vie d’un homme est plus importante que la vie d’un dauphin? »

« Non, la vie d’un dauphin est plus importante, parce que des êtres humains, il y en a … un million (« 8 milliards! » lui précise son grand frère). Bon ben 8 milliards, pis des dauphins, ben y’en a vraiment pas 8 milliards. »

Solène, 8 ans

« Et selon toi Lorenzo? La vie d’un dauphin est plus importante ou moins importante que celle d’un humain? »

« Ni l’un ni l’autre; une vie, c’t’une vie. »

Lorenzo, 10 ans

Loin des dogmes religieux qui mettent l’être humain par-dessus tout et indirectement nourris par la culture cinématographique qui fait parler et penser les animaux, mes enfants ont développé chacun de leur côté une morale mathématique. D’un côté, la rareté de la ressource, de l’autre, la recherche du dénominateur commun.

Cette déconstruction de l’Égo sapiens, remettant le mammifère que nous sommes sur un pied d’égalité avec ce qui l’entoure, m’apparait comme une nouveauté dans l’histoire occidentale. Bien sûr, nous avons déjà érigé certains courants de pensées soulignant à grands traits l’insignifiance humaine et voulant détruire les grandiloquences dogmatiques, mais le tout était enduit d’un sarcasme bien bourgeois (et ce, jusque dans la bouche des punks les plus notoires). Moi-même petit bourgeois semi marginal, je m’y reconnais.

Tout au contraire, ce que j’entends aujourd’hui dans la bouche de mes enfants (et ce qu’on voit poindre depuis quelques dizaines d’années seulement) baigne dans une simple lucidité, sans dénigrer l’un pour valoriser l’autre. Intégrer le fait que nous sommes un parmi tant d’autres, sans sombrer dans l’insignifiance.

Est-ce la fondation d’un nouveau rapport avec la Vie (particulièrement pour les Blancs) ? À l’échelle du globe, c’est encore un microcosme, et il est difficile de dire si vraiment un jour nous réaliserons à grande échelle notre imbrication intime avec l’écosystème qui nous englobe. Mais je le souhaite.

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Rémy Perras

Célébrant de funérailles : parce que fréquenter la mort permet d'apprécier la valeur de la vie. Et parce que chaque rencontre y est particulière, intense, unique. Formateur, Conférencier et Auteur : parce que philosopher permet de rechercher ensemble une certaine sagesse. Journaliste d'entrevues : parce que c'est le meilleur moyen pour un touche à tout de se satisfaire. Ex-globe-trotter : parce que les voyages forment la jeunesse, parce que c'est la meilleure école, j'ai sillonné ou habité le Québec, le Canada, le Mexique, le Guatemala, la France, la Belgique, le Danemark, les Pays-Bas et l'Inde. Depuis l'arrivée de mes propres enfants... je me suis calmé !

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