Cette semaine, j’ai failli me faire une entorse lombaire en transportant mon imprimante. Si c’était arrivé, je suis bien convaincu que personne ici ne m’aurait dit d’arrêter de me plaindre parce que je n’ai pas un cancer stade 4. Pourtant, tellement de personnes l’ont fait en réduisant tous les manifestants contre le passeport vaccinal à des gens qui se plaignent la bouche pleine, pis c’é tellement pire ailleurs, pi regarde en Ukraine, ça c’est un combat pour la liberté…
La guerre en Ukraine, c’est un cancer stade 4. Le passeport vaccinal, c’est une entorse lombaire sévère qui a été imposée, au mieux, dans l’indifférence totale de plusieurs, au pire, dans la jubilation de certains. « T’as juste à te faire vacciner comme tout le monde. » Et tout ça pourquoi ? Pour ne pas l’attraper ? Ça marche pas. Pour freiner la propagation ? Ça marche pas. Pour ne pas attraper de forme graves ? Ça marche pas… longtemps. Pour sauver un système hospitalier en perdition ? Ça marche pas non plus.
Je l’ai entendu à quelques reprises dernièrement dans la bouche de médecins français sur les plateaux des grands réseaux : ce vaccin, il est quand même assez médiocre. À ce jour, de tel paroles sont un sacrilèges au Québec.
Discrimination systémique
Le passeport vaccinal, c’est de la discrimination systémique. C’est le politique qui met en place un système de discrimination et c’est toute une population qui emboite le pas. Implanté sans aucun fondement scientifique, tous les commerces visés (ou presque ?) l’ont tout de même mis en place. Avaient-ils le choix ? Avec des amendes allant de 1000 à 6000$ pour les récalcitrants potentiels, on peut dire que non.
Ça fait partie de ce qui est totalement débile : pour mettre en place un système de discrimination, tout ce que ça prend, c’est la menace d’une amende. Je tombe des nues.
Peu importe que 93% des décès aient eu lieu chez des personnes ayant 2 maladies graves ou plus (INSPQ). Peu importe que 85% à 90% des personnes aux soins intensifs présentaient au moins une comorbidité (INSPQ). Peu importe que tout cela se produise majoritairement chez des personnes âgées ou… très âgées (INSPQ). On réduit toutes personnes de 13 et plus à son statut vaccinal et on accorde la liberté en conséquence.
Des lépreux
L’effet n’a pas été long à se faire sentir : une partie de la population ayant reçu le vaccin a vu son niveau de paranoïa monter d’un cran. « Je suis plus en danger si je suis en présence de personnes non-vaccinées. » De grâce, restez chez vous (mais allez travailler). Une crainte non fondée. Injustifiée. Injuste.
Le 14 février 2022, je me suis présentés à la Biblairie GGC, librairie indépendante chez qui je dépense passablement d’argent. Un des seuls commerces dans lequel je me permets un achat compulsif. Nouveauté : une dame nous attendait à l’entrée pour scanner les passeports, le commerce faisant plus de 1500 pieds carrés. « Je n’en ai pas » lui ai-je dit. « Oh… Je suis désolé… Mais si vous voulez, on a mis en place un système de commande à l’auto sans contact. » Devant notre déception évidente, une autre cliente d’ajouter : « Ben là, ça fait longtemps que c’é de même. »
J’ai retenu mes larmes. Ma colère. Et je suis sorti.
Une commande sans contact. Comme si nous étions des lépreux. Comme si nous étions dangereux. Et ce, sans fondement quant au contrôle de la contagion et des hospitalisations, ce qui était déjà vrai avant Omicron, et ce qui l’est encore plus depuis. Une discrimination justifiée parce que « ça fait longtemps que c’é de même ».
Mon Québec natal, cette journée-là, ta docilité ne m’a pas seulement emmerdé, pour reprendre l’expression consacrée par le président Macron. Elle m’a fait chier. Solide. Et mou.
Anesthésiant
En ce 12 mars, Québec nous soulage de cette entorse. Le passeport vaccinal est suspendu. Non pas éliminé. Suspendu. Jusqu’à la prochaine fois. Jusqu’aux prochaines maladies. Et, j’imagine, jusqu’à ce qu’on puisse l’intégrer à l’identité numérique annoncée pour cette année, permettant ainsi non seulement de nous accorder des libertés en fonction de notre statut vaccinal, mais en fonction de tout ce que nous sommes, faisons, ingurgitons, lisons, écrivons.
Pas tout de suite, évidemment. Mais éventuellement.
Comme en Chine, qu’on trouve dont toute que ça pas d’allure d’être contrôler de même, mais que tout ce que ça va prendre, c’est des amendes. Et des dirigeants qui veulent diriger. Vous l’avez vu ce vidéo de Trudeau qui vante la « basic dictarturship » de la Chine ? Google : trudeau china admire 2013. Vous trouverez plein de sites de nouvelles officiels qui y font référence.
Est-ce là ce qu’on appelle un raisonnement en pente fatale ? Je ne sais pas. Mais la pente est là, devant nous. Et elle mène tout droit à une société de manche à balai dans l’cul.
Dans les prochains jours, je retournerai dans mon cinéma de quartier. Dans les prochaines semaines, je remettrai les pieds dans les petits restos locaux que j’aime bien. Dans la prochaine année, je retournerai peut-être à la SAQ. Comme ça finance directement Québec, j’y suis réticent. La première fois, dans le noir de la salle de cinéma, devant mon assiette, entre deux rangées de bouteilles, j’anesthésierai l’entorse avec amertume.