Je suis ce qu’on appelle un Québécois de souche. À la racine de cette souche, il y a des migrants qui ont voulu se construire un avenir meilleur. À la racine de cette souche, il y a aussi « Aime ton prochain comme toi-même ». Maintenant que nous sommes élevés au rang de peuple terroriste, je pourrais me dissocier. Parce qu’en effet, en tant qu’homme, que blanc, que Québécois et qu’universitaire non gradué, je me dissocie totalement de cet acte avec le désir de dire que « ce n’est pas ça le Québec ». Le problème, c’est que j’ai peur que ça me fasse oublier très rapidement que… c’est aussi ça le Québec. Que les racines de ma souche sont aussi teintées de sang et d’exclusion.
18h30. Avec ma charmante épouse et nos enfants, nous avons fait acte de présence à la vigile devant la Mosquée de Sherbrooke ce soir. À la fin d’une toute petite prière avec Karine (l’épouse en question), nous avons terminé avec « Puisse nos enfants grandir dans un pays en paix. » 23h55. Le rhume et cette petite phrase me réveillent. Qu’est-ce que ça implique ?
Nécessairement, vivre, transmettre et enraciner la fameuse règle d’or : « Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas te faire faire. » Si tout un chacun pouvait être drastique avec lui-même dans l’application de cette maxime, hommes et femmes seraient égaux, debout, côte à côte. Et les enfants pourraient s’épanouir tranquilles.
Et puis philosopher. Philosopher dans son sens le plus basic : l’amour et donc la recherche de la sagesse. Ne pas rechercher le gros bon sens, mais la sagesse. Ne pas rechercher la morale, mais la sagesse. Ne pas s’enfermer dans la dualité, mais rechercher la sagesse. Et pour ce, prendre le temps de guérir.
De tout temps, de toutes époques et de toutes cultures, l’être humain est souvent guidé par ses propres blessures. Les deuils sont rarement vécus jusqu’au bout. Deuil de nos aspirations, de nos pertes, de nos proches. Deuil aussi de ce qui est mort en nous au cours de notre enfance et de notre adolescence. Un deuil incomplet semble systématiquement aboutir dans un cul de sac, un repli, et fleurissent alors les accusations.
Un deuil bien vécu, c’est toute la différence entre la confiance ou l’arrogance, l’estime de soi ou le mépris des autres. Et c’est à recommencer non seulement avec chaque personne, mais aussi avec chaque deuil.
Crédit photo : Photos d’une passionnée